Les leaders de la mode rapide à petit prix ont complètement révolutionné notre consommation du vêtement et la frénésie avec laquelle nous renouvelons notre garde-robe.
Des jeans à dix euros, des t-shirt à cinq euros, parfois moins, chez les entreprises casseuses de prix.
Qu’est ce qui se cache derrière ces prix dérisoires pour des produits plutôt complexes, dont la chaîne de production peut couvrir jusqu’à soixante mille kilomètres?
Peut-on sereinement acheter une chemise en solde à deux euros sans contribuer à la misère d’autrui quelque part dans le monde?
Le vêtement: une nécessité et un marqueur social
S’habiller est l’un des besoins élémentaires des êtres humains au vingt et unième siècle.
Vient ensuite le besoin moins élémentaire d’être à la mode.
Le soin donné à nos vêtements, leurs aspects, leurs agencements, en disent long sur nous, la mode repose essentiellement sur ces critères.
L’habit ne sert pas seulement à se couvrir, se protéger des affres du temps, ou faire preuve de pudeur. Depuis toujours, c’est aussi une façon de s’inscrire dans son époque, d’affirmer son rang, son mode de vie.
Aujourd’hui, la mode c’est également l’un des domaines qui illustre le mieux le fonctionnement de nos modèles économiques.
En ces temps où tout va vite, où la logique de rentabilité elle seule régit presque tout, le vêtement n’échappe pas au triptyque produire vite et mal, consommer dans un temps éclair et jeter aussitôt.
Printemps /Eté, Automne/Hiver, les collections s’enchaînent au rythme des saisons, les modèles se succèdent dans les rayons et les stocks enflent.
Des milliards de dollars de stocks invendus chaque année des leaders mondiaux du textile.
Que va devenir ce stock?
Pour l’essentiel, il sera incinéré dans des centrales électriques.
Selon un article publié récemment sur BFM BUSINNES (radio et chaîne de télévision d'informations économiques et sociales française), les usines du monde produisent chaque année, dix-sept t-shirts par être humain habitant la planète.
Un chiffre qui donne le vertige dès qu’on essaye de le multiplier par les sept milliards d’âmes que nous sommes.
Précisons qu’un t-shirt, c’est du coton et/ou du pétrole, du travail à l’autre bout du monde, du transport, de l’énergie et du temps, un temps fou.
À l’évidence, il y a un emballement dans le système et cet exemple n’est que la partie immergée de l’iceberg.
L’industrie du textile s’enfonce dans une surproduction qui n’est pas prête de s’arrêter.
Comment une filière entière peut-elle se permettre des milliards de produits invendus qui terminent à la poubelle?
L’essentiel de nos vêtements sont produits par des personnes qui arrivent à peine à vivre du fruit de leur travail.
La course au tissu le moins cher possible, continue de sceller le destin de millions de paysans à travers le monde comme celui des ouvriers qui confectionnent les modèles qu’on retrouvera dans les rayons.
C’est le salaire des petites mains qui s’affairent chaque jour, pour coudre les modèles « design » et « fashion » que nous trouverons sur les étals.
A côté des salaires de misère, il y a les conditions de travail qui parfois coûtent la vie.
Drames sanitaires
La santé n’est pas en reste, puisque en Turquie, l’industrie du jeans a fait basculer tout une région dans une épidémie de maladie pulmonaire, provoquée par les colorants et les techniques de sablage pour réaliser les Jeans délavés.
En Inde, en Chine, au Pakistan on ne compte plus les enfants et les adultes atteints de maladies liées à la pollution ou aux produits chimiques répandus dans les sols, les eaux, ou l’air.
Quelques progrès chez les géants du vêtements?
Certaines grandes entreprises de mode rapide prennent progressivement le problème à bras le corps.
Certaines ont lancé des lignes « CONSCIOUS », des vêtements éthiques qui s’attardent sur la qualité des matières premières, les conditions de fabrication et la fin de vie des produits.
Certaines ont fait migrer progressivement une partie de leur production dans les pays plus proches comme la France, le Portugal, le Maroc ou l’Espagne.
Ce qui laisse espérer un meilleur traitement des travailleurs et un respect amélioré des normes environnementales.
Ces avancées ne représentent qu’un début de prise de conscience.
Il ne faut pas être dupe, ce sont aussi des opérations de communication savamment préparées, pour redorer leur image.
La mode aux prix toujours plus bas, est une aberration économique, sociale et environnementale.
Il est important d'être conscient que les gens qui produisent nos vêtements ne peuvent même pas se les acheter avec les salaires qu’on leur verse.
Qu’ils risquent leur vie pour des produits qui finalement ne nous servent que peu de temps.
Est-ce qu’il faut arrêter d’acheter des vêtements?
Sûrement pas, puisque cette industrie emploie plus de 75 millions de personnes dans le monde (80% de femmes) et est une source de revenus parfois salutaire pour des personnes extrêmement pauvres.
Comment être acteur de ce changement de consommation?
Acheter moins et mieux!
C’est sûrement la première des actions à mener par chacun.
Acheter des vêtements qui vont être portés pendant longtemps, prendre le temps de les choisir, et garder à l’esprit que moins c’est cher plus il y a de la souffrance derrière.
Ce qui ne veut pas dire qu’il faut faire du prix élevé l’élément clé de l’éthique d’un vêtement.
La clé repose à coup sûr dans la vigilance, le regard porté sur l’étiquette, les questions posées aux vendeurs et la tempérance dans la frénésie de l’achat.
Le réseau de la mode éthique
Lorsqu’on souhaite concilier sa passion pour la mode et le besoin de pratique vertueuse, le réseau de la mode éthique est une des solutions.
Le milieu de la mode éthique est très varié, avec des positionnements divers.
On y trouve des marques engagées dans le respect des droits des travailleurs et la juste rémunération de leur travail, celles plus axées sur le respect de l’environnement, ou encore d’autres qui donnent la part belle à la relocalisation de la fabrication.
Évidemment, chacun de ces aspects implique de s’intéresser un peu aux autres.
Fibres écologiques, coton bio, textiles recyclés, usines modèles ou production dans le cadre d’établissement d’insertion, les pratiques sont nombreuses.
La mode éthique est-elle trop chère?
C’est une question qui revient souvent.
Comme pour l’alimentation biologique, le consommateur moyen qui souhaite changer de pratique craint de se retrouver face à la barrière du prix.
Dans la mode éthique, une chose est sûre, vous ne trouverez pas de T-shirt à 3€ ou de basket à 5€.
Ces prix sont les signes évidents que dans la chaîne de production, il y a une ou plusieurs personnes qui se retrouvent lésées.
Il y a des marques de mode éthique de luxe, mais également des marques abordables.
En moyenne, à partir de 15€ vous pouvez vous acheter un T-shirt, 30€ pour une robe, 50€ pour un jean.
Malheureusement, les marques de mode éthique ne jouissent pas de la couverture médiatique des grands groupes, mais elles ne sont pas moins actives et dynamiques.
Il faut faire la démarche de chercher pour trouver celle qui vous convient.
Si le monde de la mode éthique vous semble peu abordable, le réseau des vêtements d’occasion, de la revente ou du fait soi-même (DIY) vous séduira peut être.
Internet pilule de sites de revente ou d’échange de vêtements.
Sur Facebook aussi, on trouve de nombreux groupes d’échange de vêtements.
Les vides dressings sont devenus des événements à la mode où s’habiller en seconde main est devenu tendance.
Enfin, le fait soi-même devient une vraie alternative pour combler la soif de nouveauté en matière de vêtements. De nombreux sites, blogs,...existent pour vous aider à démarrer et devenir progressivement un (e) Pro de la confection de vêtements.
De quoi calmer la surchauffe de l’industrie textile que nous ressentons tous, sans retourner au cache sexe des Cro-Magnons.
Sources inspirées de https://lebilletdd.com/tag/industrie-textile-et-conditions-de-travail/